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Vin : trois grands patrons s’invitent au capital du premier négociant bordelais

Claude Bébéar, Norbert Dentressangle et Philippe Donnet, le patron de l’assureur italien Generali, s’associent au fondateur de Joanne, le premier distributeur de vins de Bordeaux.

C’est une arrivée qui ne passera pas inaperçue dans le monde feutré du commerce des grands crus : trois grandes figures du capitalisme français – Claude Bébéar, Norbert Dentressangle et Philippe Donnet – s’invitent à la table des négociants bordelais. Le fondateur d’Axa, le créateur du groupe de transport et de logistique éponyme (devenu XPO Logistics) et le directeur général de Generali entrent à titre personnel au capital de Joanne, premier distributeur bordelais de grands crus, français et étrangers. Quelque 6 millions de bouteilles réputées vieillissent dans ses entrepôts de 18.000 mètres carrés.

Maison familiale fondée en 1862, allocataire de premier rang des plus grands crus de Bordeaux, Joanne est présidée et dirigée par Pierre-Antoine Castéja, 72 ans, entré dans la société en 1976 au côté de son père. Désormais actionnaire minoritaire, il demeurera président de la maison de négoce. Hugues Lechanoine, ancien dirigeant de la branche distribution de Baron Philippe de Rothschild (acquise par Campari en 2020) , devient directeur général, en même temps qu’associé. « Je l’accompagnerai aussi longtemps qu’il le souhaitera », assure Pierre-Antoine Castéja qui conduira la campagne de mise en marché du millésime 2021.

150 à 200 millions d’euros

Ce dernier doit être présenté la semaine du 25 avril aux négociants, courtiers et journalistes. Quelques semaines plus tard, les grands crus de Bordeaux seront alors proposés « en primeurs » à la « place » qui en assurera la prévente, à un prix attractif, auprès de particuliers et de professionnels, auxquels les vins ne seront livrés qu’une fois élevés puis mis en bouteilles par les châteaux. Allié au savoir-faire des négociants, ce système original des primeurs est un élément clé du succès mondial des grands crus bordelais car il préserve la marge de tous, producteurs, courtiers et distributeurs. Il permet aux propriétés de financer leur récolte à venir.

Cependant, l’essentiel de l’activité de Joanne – comme celle de ses grands concurrents (Duclot, CVBG…) -, est d’exporter des grands crus « livrables », prêts à être bus après. Elle a ouvert à cet effet deux filiales, l’une aux Etats-Unis, l’autre en Chine. La maison ne communique pas de chiffre d’affaires, mais selon des informations de place, celui-ci varie entre 150 millions et 200 millions d’euros. Père de deux filles qui n’ont pas souhaité prendre sa suite (même si Laure de Bronac entre au directoire et continuera d’exercer ses fonctions de directrice de ma communication et du marketing), Pierre-Antoine Castéja se félicite d’avoir « pu réunir de grandes familles françaises partageant nos valeurs, dont la présence assurera la pérennité et la stabilité de la maison de négoce ».

Jean-Francis Pécresse